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Les baguettes : petite histoire des couverts japonais

Quoi de plus représentatif de la cuisine asiatique que les baguettes ? Originaires de Chine et introduites au Japon au VIIe siècle, elles sont souvent, aujourd’hui, de vrais objets d’art…

Tout comme les kanji, dont nous parlerons dans un prochain article, les baguettes utilisées comme couverts à la table japonaise sont originaires de Chine. C’est là qu’elles apparaissent pour la première fois en Asie, durant la dynastie Shang (XVIe s.– XIe s. avant J.-C.), avant de se répandre, au fil des siècles, dans tout le continent. La Corée, l’Indonésie, le Tibet les ont adoptées ; au Japon, c’est au VIIe siècle qu’elles sont importées par une mission revenant de Chine.

Faire baguette de tout bois

Si les matériaux utilisées pour leur réalisation peuvent varier d’un pays à l’autre, le bois laqué et le bambou restent les plus utilisés. Si les baguettes sont en bois, c’est à cause d’une lourde taxation sur le métal : les Asiatiques ont donc cherché à confectionner des couverts dans d’autres matières, et le bois s’est révélé très pratique à cet égard.

Les baguettes japonaises (お箸, ohashi) diffèrent des chinoises par leur forme (plutôt arrondies, alors que les baguettes chinoises sont carrées), par leur longueur, et généralement par leur extrémité pointue. Leur longueur varie en fonction du membre de la famille qui les utilise : celles des hommes sont plus longues que celles de femmes, et les enfants possèdent également des baguettes adaptées à la taille de leur main. Il existent en outre des baguettes, plus longues, servant à préparer la cuisine, ainsi que des baguettes de voyage… Leur utilisation est très réglementée par le code de savoir-vivre japonais

Très pratiques pour déguster un bentô, les baguettes jetables sont également en bois. A l’heure de la prise de conscience écologique, leur consommation pose un réel problème, dans la mesure où elles entraînent le gaspillage de 90 000 tonnes de bois par an – en outre, la plupart du temps, elles ne sont pas recyclables. Pour cette raison, de nombreux restaurants ont pris le parti de les remplacer par des baguettes en plastique, lavables et donc réutilisables, sans parvenir pour autant à convaincre pleinement les utilisateurs. Ceux-ci, persuadés que les baguettes jetables participent d’une meilleure hygiène, ont du mal à changer leurs habitudes.

Aujourd’hui, la réalisation de baguettes japonaises a donné lieu à un artisanat bien identifié et prisé. A la fois sobres et élégantes, elles arborent des couleurs et des motifs traditionnels, qui en font parfois des objets de collection. De nombreux magasins ou boutiques en vendent, y compris sur Internet.

Le dieu des baguettes

Une coutume japonaise veut que les baguettes usées ne soient pas jetées à la poubelle. Il existe un temple, le temple Kochi Hachiman-Gû dans la ville de kôchi (île de Shikoku), dans lequel a lieu chaque année la fête de Hashi Kuyô. Les baguettes usées y sont apportées au kami des baguettes, où elles sont brûlées. Le kami est alors remercié de pouvoir manger tous les jours. Plus de 10 000 baguettes y sont brûlées chaque année, au mois de février !

(Photo : Jean-Marc Donnaes)